Articles généraux

Mon discours du 1er août à La Ferrière

Mardi, août 4th, 2015
Discours du 1er août à La Ferrière, le 31 juillet 2015

Anne-Caroline Graber, députée au Grand Conseil bernois

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs les membres des autorités politiques,

Chers habitants et chères habitantes de La Ferrière,

Mesdames et Messieurs,

Chères participantes et chers participants à cette Fête nationale,

Un très grand merci aux autorités de la Commune de La Ferrière qui me donnent l’occasion de prendre part à la célébration de la fête nationale dans la commune la plus occidentale du Jura bernois et du canton de Berne.

J’ai toujours beaucoup apprécié le nom de votre magnifique village. J’aime le prononcer, l’entendre prononcer, l’écrire et le lire. Chaque fois que je me rends en Ligurie, ce qui arrive souvent, je traverse un tunnel autoroutier du nom de Ferriere entre Gênes et La Spezia. Cet endroit me fait immanquablement penser à votre localité, l’une des plus hautes et des plus ensoleillées du Jura bernois.

Je suis aussi liée affectivement à La Ferrière parce que mon grand-père paternel Emile et mon père Jean-Pierre, conseiller national, sont nés ici et y ont vécu. Ma grand-maman paternelle Heidi et mes arrière-grands-parents Emile et Marie ont aussi résidé en ces lieux exposés au soleil couchant.

La Ferrière présente des dimensions géographiques de grand intérêt.

Très banalement, La Ferrière se situe à 6°53’ de longitude, comme Peseux, La Tour-de-Peilz, Chamonix, Grasse dans les Alpes maritimes ou encore les faubourgs ouest de Cologne. Cela signifie qu’aux équinoxes du printemps le 21 mars et d’automne le 21 septembre, le soleil se lève et se couche théoriquement au même moment dans tous ces endroits. La Ferrière se trouve à 47°08´de latitude, comme Bienne, Einsiedeln, Vaduz, le Pornic au bord de l’Atlantique ou encore les faubourgs sud de Budapest. Cela veut dire qu’en ces lieux, les durées respectives du jour et de la nuit sont théoriquement les mêmes toute l’année et qu’elles croissent et décroissent au même rythme.

Mais surtout, La Ferrière est la seule localité du Jura bernois dont les eaux s’écoulent dans la Méditerranée et non pas dans la Mer du Nord. Cela évoque la douceur et peut vous apporter une consolation toute abstraite durant les mois d’hiver.

Si l’on considère cette fois la géopolitique, La Ferrière constitue le véritable point de convergence entre le Jura bernois, le canton de Neuchâtel et le canton du Jura. A défaut d’en être la capitale, La Ferrière constitue le centre de gravité, le centre géographique de l’Arc jurassien. Aujourd’hui déjà, les trois cantons collaborent étroitement dans le domaine de la formation. Chacun connaît la Haute École Pédagogique BEJUNE et la Haute École Arc. Nul doute que cet espace BEJUNE, certainement cher à vos cœurs, est appelé à se développer au cours des années à venir. La Ferrière est encore presque voisine de la France puisqu’elle n’est séparée de ce grand pays que de quelque 200 à 300 mètres, distance qu’un adepte de jogging franchit en une minute en accélérant un peu sa foulée.

Nous en sommes tous convaincus et nous le voyons bien : La Ferrière c’est important et c’est très beau.

Alors que le soir nous enveloppe de sa douce lumière, nous fêtons le 724ème anniversaire de la Confédération. Nous toutes et nous tous qui sommes réunis pour célébrer la fondation de notre pays venons d’horizons divers. Politiquement, les uns sont de droite, les autres de gauche, d’autres encore du centre. Il y a probablement parmi nous quelques partisans de l’adhésion de la Suisse à l’Union européenne et davantage d’opposants à notre complète intégration dans le Vieux-Continent. Il y a des personnes jeunes qui font de nombreux projets et d’autres, plus âgées, occupées à peaufiner leur bilan. Le 24 novembre 2013, certains parmi nous ont voté oui au processus visant à instituer un nouveau canton du Jura, d’autres non en plus grand nombre.

Nous sommes invités à réfléchir avec reconnaissance à cette harmonie entre l’unité et la diversité qui caractérise la Suisse mais aussi à une manière particulière et historiquement remarquable de concevoir et de vivre les relations entre les citoyens et l’Etat. Malgré nos différences, nous avons tous le désir de vivre en paix les uns avec les autres, nous voulons être solidaires, nous sommes attachés au même pays. Cette réalité incarne parfaitement ce que nous célébrons ce soir : l’unité dans la diversité ou la diversité dans l’unité.

Adhérer à des idées politiques, à des philosophies, à des conceptions religieuses diverses fonde ces pluralismes si caractéristiques de la démocratie helvétique et, plus généralement, de nos démocraties occidentales.

Quoi qu’en disent certains aujourd’hui, la diversité constitue un bienfait, une possibilité de s’enrichir et de progresser au contact de celles et ceux qui ne sont pas tout à fait comme nous, qui pensent différemment. La diversité de nos idées et de nos opinions ne fait d’ailleurs que s’ajouter à l’extraordinaire diversité des paysages de notre magnifique pays, à la diversité de nos cantons, des structures économiques de nos différentes régions, de nos mentalités collectives, de nos langues, de nos cultures, de nos traditions et même de nos tempéraments individuels. C’est l’addition de toutes ces diversités qui fait le fédéralisme de la Suisse, cette institution fondatrice du génie helvétique, cette spécificité dont de nombreux pays devraient ou auraient dû s’inspirer, dans un passé récent ou plus lointain, pour faire vivre dans une coexistence pacifique les différentes composantes de leur corps social. Respecter les différences aurait permis à l’ex-Yougoslavie d’éviter un bain de sang dans les années 1990.

Par nos attachements politiques, par nos préférences idéologiques, par nos différentes appartenances cantonales, nous représentons cette belle et riche diversité, cette chatoyante mosaïque qui fonde l’admirable singularité de notre pays. Si la diversité est une source d’enrichissement, elle représente de plus une des grandes conditions nécessaires à la pérennité de la démocratie libérale. Sans diversité, il n’y a pas et il n’y aura jamais de démocratie. C’est une vérité intangible. Dès lors, différents nous pouvons l’être, différents nous devons le demeurer pour que se perpétue notre démocratie qui est « le pire régime politique, excepté tous les autres » comme le disait si justement le grand et lucide résistant au nazisme et au communisme que fut l’inoubliable Winston Churchill.

L’Histoire, plus particulièrement celle du XXème siècle, montre que l’absence de pluralismes et de diversités conduit à la tyrannie de la société sur la personne et, dans le pire des cas, au totalitarisme. Les personnes haineuses de la diversité sont toujours et inévitablement pleines d’aversion à l’égard de la démocratie, comme en témoignent scandaleusement les terroristes islamistes.

Mais mes chers amis, sans contrepoids, la diversité et le pluralisme aboutissent à l’anarchie, à l’impossibilité de toute vie sociale harmonieuse. Le pluralisme mène à la désintégration du tissu social, à la brutalité des rapports de force, à l’insécurité et finalement à l’anarchie s’il n’est pas accompagné par un consensus suffisamment large et solide autour d’éléments tels que le régime politique, l’Etat de droit, les institutions, la renonciation à la violence dans la résolution des inévitables conflits, le respect des minorités mais aussi celui des légitimes décisions et de la culture de la majorité. Pour que la vie en commun soit possible et mieux encore gratifiante, il faut un accord sur ces grands principes fondamentaux, sur ce credo minimal. Comme le disait le grand politologue français Georges Burdeau, la vie sociale n’est possible que si les habitants d’un pays voient en l’Etat « un Pouvoir garant d’un ordre dont ils n’approuvent peut-être pas tous les éléments, mais dont globalement, ils ressentent la nécessité. » A l’aune de cette exigence, il est intolérable que des individus ou des groupes recourent à la violence pour affirmer leur différence, faire prévaloir leurs discutables intérêts, donner libre cours à leurs obscures pulsions ou imposer leur idéologie à l’ensemble de la société.

Nous avons besoin autant de la diversité que de l’unité. Transposées dans l’ordre politique suisse, l’intégration de ces deux valeurs se trouve à l’origine de la démocratie de concordance et du principe de la collégialité qui postulent que tous les grands partis de notre pays soient représentés au Conseil fédéral selon leur force politique mais, qu’en contrepartie, chaque membre du gouvernement parle au nom du collège et pas en son nom propre.

En ce début de 3ème millénaire, à la fois enthousiasmant par les perspectives qu’il offre et angoissant par les incertitudes qui le taraudent, souvenons-nous que la pérennité des véritables libertés individuelles et de la démocratie requiert la coexistence du pluralisme des idées et du consensus relativement aux normes fondamentales qui ont fait leur preuve.

Dans l’exact prolongement de cette incontournable réalité, la Fête nationale signifie que, par delà nos naturelles et légitimes divergences, nous formons une communauté de destin, et – quoi qu’en en disent les partisans d’une mondialisation débridée – une nation dont les membres sont unis par un nécessaire lien social et par le respect de valeurs fondamentales communes.

Chères concitoyennes et chers concitoyens,

En comparaison internationale, notre pays se porte très bien ; il bénéficie d’un niveau de vie élevé. Depuis 1848, date la fondation de la Suisse moderne, nous avons été épargnés par les grandes guerres et par les catastrophes naturelles retentissantes.

Tous les grands indicateurs montrent que la situation économique de la Suisse est plus enviable que celle des pays de l’UE. Le taux de chômage atteint plus de 10 % au sein de l’UE et seulement un peu plus de 3 % chez nous. Notre monnaie est solide au point de pénaliser nos exportations. Notre inflation est très basse. Notre croissance est supérieure à celle de la plupart des pays européens, notre dette publique largement inférieure aux leurs. L’économie suisse figure parmi les plus compétitives du monde, notre pouvoir d’achat parmi les plus élevés. Cette situation remarquable est due à la qualité et à la quantité de notre travail collectif ainsi qu’à nos bonnes conditions cadre.

Malgré ces bienfaits incontestables, nous sommes inquiets. Les incertitudes bien réelles du monde contemporain taraudent nos esprits. De manière très compréhensible, nous aspirons à plus de sécurité. Souvent, demain nous fait davantage peur qu’il n’annonce un avenir radieux. Retrouvons au moins une partie de notre sérénité individuelle et collective en pensant aux magnifiques caractéristiques de notre pays, à notre vieille démocratie, à nos libertés et aux conditions qui ont permis leur éclosion et leur pérennité, à la solidarité qui nous a permis de maintenir jusqu’à ce jour et, vaille que vaille, la cohésion nationale et la cohésion sociale. Songeons aussi aux bienfaits que nous apporte une neutralité qui n’est pas indifférence aux misères du monde. Souvenons-nous que l’initiative et le referendum, les deux grands instruments de la démocratie semi-directe, nous confèrent des droits de participation aux décisions politiques que l’on ne retrouve nulle part ailleurs en ce monde. Soyons conscients que notre prospérité est avant tout imputable à la créativité, aux capacités d’organisation et à la persévérance de nos entrepreneurs ainsi qu’aux remarquables aptitudes professionnelles et au sérieux des travailleurs de ce pays. Préservons à la fois la responsabilité individuelle de chaque personne et la nécessaire solidarité à l’égard des plus défavorisés. Et surtout, souvenons-nous de la foi de nos ancêtres en Dieu, de cette espérance vivante qui permet d’avancer même si le contexte est difficile et les incertitudes omniprésentes. Si nous sommes conscients de tous ces atouts et si nous avons la volonté de les conserver, nous pourrons affronter l’avenir avec assurance.

Ayons confiance dans les valeurs qui se trouvent à l’origine de l’aventure helvétique, dans les ressources de notre pays et dans les talents qui nous ont été donnés pour l’utilité commune.

Je vous souhaite à toutes et à tous beaucoup de succès et de bonheur dans vos vies personnelles ! Longue vie à chacune et à chacun !

Vive La Ferrière et vive la Suisse !

Article de Michel Guillaume pour l’Hebdo

Mardi, novembre 5th, 2013

Parole de Jurassiens: Anne-Caroline Graber, députée UDC au Grand Conseil bernois

Mis en ligne le 05.11.2013 à 06:00
Anne-Caroline Graber est députée UDC au Grand Conseil bernois.
Anne-Caroline Graber est députée UDC au Grand Conseil bernois.

© DR

Michel Guillaume

Elle court, elle court, Anne-Caroline Graber (37 ans). Comme son père, l’ancien conseiller national, elle court pour que son Jura demeure bernois. Cette députée UDC au Grand Conseil bernois et adepte passionnée de course à pied n’est pas peu fière d’avoir été légèrement plus rapide que le maire de Moutier Maxime Zuber lors du dernier Grand Prix de Berne.

Dans les sondages du Journal du Jura, sa cause fait aussi la course en tête, dans le Sud s’entend. Le deuxième d’entre eux, publié voici une semaine, montrait que le «non» avait encore progressé dans le Jura bernois, grimpant à 60% contre 24% de «oui». Elle s’en réjouit: «La majeure partie des gens d’ici se sentent bien dans le canton de Berne. Pour eux, la Question jurassienne ne se pose plus».

Il faut dire qu’à La Neuveville, le débat n’a jamais suscité les mêmes passions qu’à Moutier, voire Courtelary. La petite bourgade de 5′000 habitants au bord du lac de Bienne est un endroit à part, séparée par le Chasseral du reste du Jura bernois. «C’est un petit Monaco, un joyau entouré de frontières linguistiques, culturelles et géographiques», relève celle qui enseigne désormais à l’Ecole supérieure de commerce.

Elle est étonnante, Anne-Caroline Graber! On aurait pu croire cette docteure (avec un «e» à la fin, elle est née un 8 mars) en sciences politiques et titulaire d’un diplôme de l’Institut de hautes études internationales (IUHEI) de Genève prête à partir à la conquête du monde, ou du moins de l’Europe. Son travail de doctorat, consacré à Denis de Rougemont, a été publié aux Editions Slatkine et son mémoire post-grade de l’IUHEI, traitant du processus d’intégration européenne, a même reçu un prix de la Fondation Arditi. Mais non! La voilà qui s’engage à l’UDC – comme son père – pour siéger d’abord au sein du Conseil du Jura bernois (CJB), puis au Grand Conseil bernois.

Elle le dit sans ambages: elle aurait même préféré qu’il n’y eût pas de vote du tout. Selon elle, le combat est inégal. Ainsi, seules les communes du Jura bernois ayant voté «oui» peuvent demander leur attachement au nouveau canton. Mais l’inverse n’est pas possible. Au Grand Conseil, elle s’est battue pour corriger cette «asymétrie» démocratique, mais le parlement bernois ne l’a pas suivie.

Ces derniers mois, Anne-Caroline Graber s’est beaucoup insurgée à propos de l’entrée en campagne du gouvernement jurassien, qui a publié un rapport concluant au fait que le Jura s’était mieux développé ces trente dernières années que le Jura bernois. «Un document qui révèle bien l’attitude de supériorité du gouvernement jurassien. Au sein d’une assemblée constituante, il serait impossible de dialoguer d’égal à égal», assure-t-elle.

En revanche, la députée bernoise note avec satisfaction que les séparatistes ont abandonné leur discours ethnique. Et pour cause : « Le Jura a pris conscience qu’il est très proche de l’agglomération bâloise et même qu’il en dépend ». Ces derniers temps, il s’est donc plutôt éloigné que rapproché du Jura bernois.

Dans ces conditions, les deux voisins poursuivront quelques collaborations ponctuelles, sans plus. Faire chambre à part, voilà qui convient tout à fait au Jura bernois.

Lundi, octobre 28th, 2013

Très heureuse que Notre Jura bernois ait retenu mon idée de trappe à souris pour illustrer les grands dangers du « oui pour voir » le 24 novembre.

Nous allons gagner malgré un combat à armes inégales

Lundi, octobre 28th, 2013

La campagne précédant la votation du 24 novembre ressemble à un combat inégal.

La Déclaration d’intention du 20 février 2012 elle-même porte le sceau des premières asymétries parce qu’elle favorise clairement le canton du Jura au détriment du Jura bernois et du canton de Berne.

Nos adversaires séparatistes engagent dans la campagne des moyens financiers bien plus importants que les antiséparatistes.

Dans le canton du Jura, aucune voix vraiment discordante ne se fait entendre. Chez nous, par contre, les séparatistes développent parfois leurs arguments avec une certaine arrogance et une touche de mépris. Chez nos voisins, tous les partis politiques sont pour le oui. Chez nous, en dépit de la volonté majoritaire de la population de demeurer dans le canton de Berne, plusieurs partis militent – d’ailleurs légitimement – en toute liberté pour le oui. Derrière la Roche-St-Jean règne une espèce d’unanimisme qui évoque davantage la chape de plomb grise qui recouvre monts et vaux en novembre qu’une belle, fraîche et joyeuse journée printanière. Chez nous un vif débat démocratique tient les consciences en éveil.

Nos adversaires tentent par tous les moyens de faire croire que le vote du 24 novembre ne constitue qu’une invitation à s’asseoir autour d’une table pour élaborer une constitution que nous pourrons toujours refuser. Nous devons constamment répéter cette incontestable vérité politique : si nous votons oui le 24 novembre, une dynamique se mettra en place qui conduira inéluctablement à une irréversible séparation du Jura bernois d’avec Berne.

Heureusement que des personnalités peu suspectes de sympathies antiséparatistes nous confortent dans la conviction de la justesse de certains nos arguments. Aussi bien Dick Marty, le président de l’AIJ, que Pascal Mahon, professeur de droit constitutionnel d’origine jurassienne, affirment clairement qu’ils ne voient pas quelle logique pourrait inciter un antiséparatiste qui ne veut pas d’une unification avec le canton du Jura à voter oui. Le fer de lance du séparatisme que fut le journaliste Victor Giordano écrit à juste titre qu’une nouvelle constitution ne pourra qu’être acceptée puisque seuls des citoyens domiciliés dans des communes qui auront finalement décidé de rejoindre le canton du Jura pourront siéger dans la Constituante.

Même si le combat semble inégal, nous pouvons vaincre parce que nos convictions sont justes et pertinentes. Nous vaincrons parce que nos cœurs et nos esprits nous pousseront à déposer un non franc et massif dans les urnes.

Quelques réflexions sur le rapport du gouvernement jurassien relatif à la reconstitution de l’unité du Jura

Lundi, octobre 28th, 2013

Il y a quelques semaines, le gouvernement jurassien a publié son « Rapport annuel sur la reconstitution de l’unité du Jura ». Cette année, ce texte est consacré à la votation du 24 novembre 2013 sur les avantages et la logique qui, selon le gouvernement jurassien, devraient inciter les deux Juras à dire oui à un projet visant à unir dans une nouvelle entité la République et canton du Jura et le Jura bernois.

Dans le cadre d’un petit article, il est impossible de réfuter point par point les affirmations parfois tendancieuses et erronées du rapport du gouvernement jurassien. Ce document d’une cinquantaine de pages appelle de notre part les remarques succintes que voici :

1. Une ingérence dans les affaires du Jura bernois

Qu’on le veuille ou non, que cela plaise ou non, ce rapport constitue tout d’abord une ingérence dans les affaires du Jura bernois. L’invitation qui nous est lancée « à construire ensemble une entité cantonale entièrement nouvelle » (p. 7) témoigne de cette réalité à connotation impérieuse. Par ces affirmations et ces démonstrations, le gouvernement jurassien parle de nous, dispose de nous et distribue bons et mauvais points comme un monarque absolu conscient de sa supériorité et de son bon droit. Que diraient les autorités cantonales neuchâteloises ainsi que les districts du Locle et de La Chaux-de-Fonds si le canton du Jura invitait les Montagnes neuchâteloises à le rejoindre par le biais d’un processus institutionnel ?

2. Un leurre

Le rapport revêt toutes les allures d’un leurre destiné à entraîner la population du Jura bernois dans un processus politique qui, de proche en proche, d’accommodements en accommodements et de « pourquoi pas » en « pourquoi pas », conduira à un canton du Jura élargi. Le gouvernement jurassien sait pertinemment que seul le sens tactique avéré qu’on lui connaît le pousse à affirmer : « Approuver le lancement d’un processus ne signifie pas qu’on en adopte d’ores et déjà le but principal, soit la création d’un nouveau canton. Prétendre le contraire … revient à dénaturer le sens même de l’objet soumis au vote. » (p. 11). Si cette allégation est juridiquement juste, elle est politiquement fausse parce que le gouvernement jurassien sait très bien qu’il vaut mieux utiliser le gradualisme (lisez la tactique du salami) pour parvenir à ses fins que le recours à un vote qui poserait directement la question de l’appartenance cantonale du Jura bernois.

3. La tromperie fondamentale

Le gouvernement jurassien, de même d’ailleurs que tous les séparatistes, allèguent que le processus initié par deux votes positifs (celui du Jura et celui du Jura bernois) le 24 novembre prochain vise à construire un nouveau canton et non à favoriser l’absorption du Jura bernois par le Jura. Quel esprit lucide croira cela ? Nous prenons le pari qu’un double oui en novembre conduirait, dans un laps de temps de six à huit ans, à une nouvelle entité géopolitique qui continuerait à s’appeler canton du Jura, avec son drapeau actuel, sa « Rauracienne » et la prédominance de l’agglomération delémontaine. Pour le Jura bernois, dire oui le 24 novembre prochain signifierait sans ambiguïté aucune quitter le canton de Berne et rejoindre le canton du Jura. Point à la ligne.

4. Une surinterprétation de l’Histoire

Le rapport évoque la « région jurassienne » comme si elle était une et indivise. Ses auteurs recourent au concept « d’histoire jurassienne » (p. 5) évidemment commune au canton du Jura et au Jura bernois. Contre l’évidence, ils prétendent que « jusqu’en 1979, le territoire jurassien n’avait pas connu la division. » C’est totalement passer sous silence les profonds clivages qui, depuis des siècles, ont séparé le Nord du Sud. Dès le Moyen Âge, le Sud était appelé « partie helvétique de l’Évêché de Bâle » alors que le Nord relevait du Saint-Empire romain germanique. La Réforme a été adoptée au Sud et pas au Nord. Quintessence de ces césures : en 1974, le Nord a massivement accepté la création d’un nouveau canton du Jura tandis que le Sud rejetait cette proposition à une majorité des deux tiers.

5. Les erreurs méthodologiques

Le rapport contient plusieurs erreurs méthodologiques. Tout d’abord, les comparaisons statistiques entre le Jura et le Jura bernois reposent sur des références chronologiques changeantes, souvent choisies pour les besoins de démonstrations biaisées. Ainsi, pour la représentation dans les commissions et délégations parlementaires fédérales, il prend comme référence l’année 2012, une année exceptionnelle pour un Jura bernois qui a toujours été représenté sous la Coupole jusqu’en 2011 et qui le sera à nouveau dès 2015. Pour les évolutions démographiques respectives, on part de 1980 (cela est correct) mais quand il s’agit des emplois en %o de la population, on se focalise sur la seule année 2008. Pour les nuitées, on choisit 2011. Pour l’évolution des primes d’assurance-maladie, on calcule depuis 2004, alors que la LAMal, avec son nouveau système, remonte au 1er janvier 1996. Tout cela n’est pas très sérieux ! Ensuite, selon les besoins de la cause, les réalités socio-économiques du canton du Jura sont comparées soit à celles du canton de Berne dans son ensemble (indice de productivité du secteur hospitalier, p. 27 ou bourses d’études, p. 24), soit à celles du Jura bernois seul (par exemple le nombre d’emplois en %o de la population, p. 20) !

6. Un exemple d’erreur factuelle

Dans le rapport, il est précisé que les primes d’assurance-maladie moyennes sont plus élevées dans le canton de Berne que dans le canton du Jura. Mais toujours soucieux de dire que derrière la Roche-Saint-Jean on est en Eden et en deçà en Hadès, les auteurs dissimulent avec art que ces primes sont plus basses dans le Jura bernois (zone de tarification 2 du canton de Berne).

7. Les vérités sorties de leur contexte

Il est exact que les bourses d’études accordées par habitant sont plus hautes dans le canton du Jura que dans le canton de Berne. Cette réalité s’explique toutefois partiellement par les contextes géographiques différents et des systèmes de formation divergents. Le canton du Jura est relativement excentré et n’abrite pas sur son territoire d’Université ou de Haute école spécialisée complète (la HES Arc, à laquelle le canton du Jura est intégré, déploie 90 % de ses activités à Neuchâtel). Contrairement aux étudiantes et étudiants bernois, presque tous les jeunes Jurassiens qui entreprennent des études supérieures sont dès lors contraints de quitter leur domicile familial afin de poursuivre leurs études, ce qui a pour effet que nombre d’entre eux perçoivent une bourse d’études.

Par ailleurs, s’il est vrai que les entreprises et les administrations du canton du Jura ont créé davantage d’emplois que les jurassiennes bernoises, beaucoup de ces emplois profitent à des frontaliers qui n’irriguent pas substantiellement le tissu socio-économique du canton du Jura. Autre est la situation du Jura bernois qui voit des centaines de ses habitants travailler à Bienne, Granges, La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel ou ailleurs encore tout en payant des impôts dans des communes dont ils enrichissent aussi la vie associative.

8. Les vérités non liées à l’appartenance cantonale

Plusieurs des affirmations du gouvernement jurassien sont vraies intrinsèquement mais ne présentent pas de pertinence comparative parce qu’elles ne sont pas liées à l’appartenance cantonale. Ainsi, les nuitées seront toujours plus nombreuses dans le canton du Jura que dans le Jura bernois (p. 19), que celui-ci rejoigne le canton du Jura ou qu’il demeure dans le canton de Berne. Cela vaut aussi pour d’autres réalités telles que le nombre d’entreprises implantées ou la croissance démographique. N’oublions jamais, qu’à de rares exceptions près telles que St-Moritz, Verbier ou Gstaad, la richesse présente, plus encore aujourd’hui qu’autrefois, une corrélation étroite avec l’altitude. Dans le canton de Neuchâtel, le littoral a connu un développement plus intense que les Montagnes neuchâteloises. St-Croix a aussi enregistré une expansion moindre que Montreux. Les régions de basse altitude sont, toutes choses égales d’ailleurs, plus riches que les régions situées à des altitudes plus élevées, ce qui est le cas du Jura bernois par rapport au canton du Jura. Tout cela n’a strictement rien à voir avec l’appartenance cantonale.

9. Des éléments de vérité

Tout n’est certes pas faux dans le Rapport, loin s’en faut ! Il est ainsi vrai que le taux de chômage est tendanciellement plus faible dans le Jura bernois que dans le canton du Jura (p. 20). A titre d’information, ce taux s’élevait à 3,0 % dans le Jura bernois et à 3,5 % dans le canton du Jura à la fin du mois de mai 2013. Il est tout aussi vrai que la charge fiscale globale est, en moyenne, un peu plus faible dans le Jura bernois que dans le canton du Jura.

10. Un sujet d’étonnement

Les auteurs du Rapport affirment à plusieurs reprises que depuis l’entrée en souveraineté du canton du Jura, ce dernier s’est développé davantage que le Jura bernois (explicitement en p. 17 et 20). Depuis bien avant Bismarck, chacun sait que la politique est avant tout affaire d’intérêts et de rapports de force. On s’étonne dès lors que le canton du Jura veuille absolument agrandir son territoire par l’adjonction d’un Jura bernois plus faible que lui. Logiquement, cette disparité devrait provoquer une diminution de la richesse moyenne de l’entité envisagée et, toutes choses égales d’ailleurs, y entraîner une hausse des impôts !

11. Les conclusions

A la lumière des quelques réflexions et réfutations évoquées précédemment, il semble évident que le Jura bernois n’a pas vraiment intérêt à rejoindre le canton du Jura. Un récent sondage indique que les Jurassiens bernois souhaitent demeurer au sein du canton de Berne parce qu’ils se sentent bien dans les structures et le cadre institutionnel actuels. Ils diront donc NON le 24 novembre prochain pour préserver leur identité et continuer à développer leurs solidarités naturelles avec Berne, avec la Suisse romande et avec leurs partenaires de l’Arc jurassien.

Ne basculons pas dans l’irréversibilité !

Lundi, octobre 28th, 2013

Que ceci fusse délibéré ou non, un oui le 24 novembre lancerait un processus hasardeux et irréversible, notamment pour les raisons suivantes :

1. La question posée, « Voulez-vous que le Conseil-exécutif engage un processus tendant à la création d’un nouveau canton …? », indique clairement qu’il ne s’agit pas d’étudier des variantes qui n’engagent à rien mais bien de créer un nouveau canton qui implique une séparation définitive du Jura bernois d’avec Berne. Prétendre le contraire relève de la stratégie gradualiste des séparatistes qui vise à faire basculer presque insensiblement dans l’irréversible unification de deux entités que l’histoire a davantage distinguées que rapprochées.

2. En totale contradiction avec l’affirmation fallacieuse d’un « oui juste pour voir », le vote communaliste impose aux communes de choisir leur appartenance cantonale  dans les deux ans qui suivent le 24.11. En cas de oui, cela exclurait d’entrée du processus de définition d’un nouveau canton toutes les communes qui choisiraient de demeurer dans le canton de Berne. Ces dernières ne seraient pas prises en compte pour former une Constituante. Seules prendraient part au processus les communes majoritairement favorables au canton unifié. Une porte ouverte, que dis-je, un boulevard pour la création d’un nouveau canton unifié par voie d’absorption !!!

3. L’art. 10 de la Déclaration d’intention de 2012 précise qu’en cas de double oui lors du 1er vote, une Constituante élaborera une constitution qui sera soumise « à l’approbation de la population concernée. » Ici, le recours au singulier « la population » est aussi révélateur de l’habileté des négociateurs jurassiens que dangereux pour le Jura bernois. Il contredit le schéma sans valeur juridique du gouvernement bernois selon lequel et le canton du Jura et le Jura bernois devraient accepter la nouvelle constitution pour qu’elle entre en vigueur. L’ambiguïté totale autour de cette problématique doit, plus encore que d’autres motifs, inciter tous les Jurassiens bernois qui ne veulent pas d’une unification avec le canton du Jura à voter résolument non le 24 novembre prochain, cela d’autant plus que le gouvernement jurassien n’a jamais pris d’engagement écrit quant à un vote séparé sur une éventuelle nouvelle constitution.

Ma réponse concernant les menaces de plainte de Frédéric Charpié

Vendredi, octobre 11th, 2013

Le 6 octobre 2013, Fédéric Charpié, secrétaire national de La Gauche, m’invective sur facebook à propos d’une indemnité sur laquelle je me suis expliquée. Il affirmera quelques jours plus tard se désintéresser de cette affaire (« vos pirouettes ne m’intéressent pas tellement, pas plus que vos histoires d’indemnités d’ailleurs… »). Ainsi, les motivations qui sous-tendent sa démarche apparaissent comme évidentes. Il s’agit principalement de provocation et de récupération politique dans le cadre de la campagne pour la votation du 24 novembre sur l’avenir institutionnel du Jura bernois ; et accessoirement aussi d’une énième attaque contre des élues et élus UDC. Ce fer de lance du séparatisme de la gauche de la gauche n’en était pas à sa première attaque contre certains de mes proches ou contre moi. Par exemple, qualifier d’ « élucubrations sauvages » le discours très structuré et factuel que j’ai prononcé devant le Grand Conseil bernois l’hiver dernier ne témoigne certes pas d’un respect avéré de l’adversaire politique. Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais réagi. Mais l’intensification de l’acharnement des séparatistes sur plusieurs personnes m’a poussée à répondre. Souhaitant sortir du cadre du débat politique, Monsieur Charpié menace de déposer plainte contre moi pour calomnie si je ne m’excuse pas pour ce passage de ma réponse : « Et que dire de vos accointances avec l’extrême-gauche européenne qui n’a jamais vraiment répudié le matérialisme des marxistes dont la version concrète a fait plus de 60 millions de victimes. Quant à moi, je déteste autant le nazisme que le marxisme-léninisme, ces totalitarismes qui sont la négation même de la dignité et de la liberté humaines. »

Les menaces de plainte pénale de Monsieur Charpié appellent de ma part les commentaires suivants :

1. Tout d’abord, je m’étonne que Monsieur Charpié s’offusque de ma réponse à son attaque sur facebook alors qu’il tient les propos suivants s’agissant de nos autorités fédérales les plus hautes :

F. Charpié sur facebook à propos de :

Simonetta Sommaruga :
« nous avions prévenu qu’avec une conseillère fédérale socialiste faisant le boulot de la droite néo-fasciste (…) ».
« Berset – Sommaruga, STOP ! Après la victoire de Simonetta Sommaruga dans les urnes pour resserrer la vis de ces centaines de millions de très vilains réfugiés venus égorger nos femmes et nos enfants, nous vendre de la drogue et nous prendre notre travail, voici que débarque son homologue Alain Berset, qui avant de lutter contre la caisse unique, nous sort en guise d’échauffement son catalogue de mesures d’économie pour l’AVS. Tout ceci peut sans doute séduire sans problème le plus attardé UDC blochérien avec des tendances néo-libérales. Mais l’on peut se demander comment la base du PSS peut encore s’accommoder de voir faire ces deux Conseillers nationaux (vous lirez « fédéraux »…) sans avoir la nausée, et surtout de se demander si il n’est pas grand temps de retirer ces deux pots de vaseline du CF, soit cette véritable paire d’abrutis cupides qui ne fait que donner caution aux pires politiques xénophobes et libérales dans notre pays !!! »

Alain Berset :
« J’ai aussi vu récemment une nouvelle trace du « caractère à Alain Berset », un homme hautain, menteur, et qui a toujours raison, un homme qui préfère choisir la voie officielle du piratage de son compte Twitter plutôt que d’avouer avoir commis une simple bourde. Ce dernier point n’est pas si grave, mais il démontre pourtant la fourberie d’un homme ne se souvenant plus si il avait signé l’initiative pour la caisse unique, et aussi la cupidité de certains médias qui ont avalé cette couleuvre (…) ».

Ueli Maurer.
« En Suisse, que tous les abrutis se rassurent, car eux aussi peuvent devenir un jour président de la Confédération ! »
« Ueli Maurer totalement à la rue sur le massacre de Tienanmen, on pouvais s’attendre au pire avec cet homme à la tête de la Confédération, et bien c’est fait. Quelle honte d’avoir pu nommer un tel individu dépourvu de cervelle à ce poste là ! »

Christophe Darbellay :
« Christophe Darbellay, le grand dadet du PDC est aussi un grand malhonnête, et prêt à tout pour faire progresser son parti sur la voie sécuritaire, y compris si il faut se moquer de ses propres amis lors d’un congrès, en espérant que (…) ».

Oskar Freysinger :
Cet homme qui « participe volontiers à des rencontres fascistes internationales (…) ».

Les Conseillers fédéraux :
« Depuis le temps que je dénonce les incapables qui nous servent de Conseillers fédéraux, je dois vous avouer que pour en mettre quelques uns « en situation », je suis pour élargir encore un peu le cercle et priver de piscine tous les politiciens qui se disent notamment socialistes et (…) ».

2. Outre que je m’étonne qu’un homme qui ose recourir à un tel langage veuille porter plainte contre moi, je note qu’au travers des extraits précités Monsieur Charpié se distancie clairement de la gauche social-démocrate. Considérer que la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga fait « le boulot de la droite néo-fasciste » fait davantage penser à un discours d’extrême-gauche qu’à des postures de type blairiste ! Je relève au passage que Frédéric Charpié considère l’UDC, le parti auquel j’appartiens, comme néo-fasciste !!! Me concernant, cette accusation est absolument inadmissible !!! J’ai consacré ma thèse de doctorat à la philosophie politique et à la pensée européenne de Denis de Rougemont parce que, comme lui, je suis profondément attachée à la démocratie libérale fondée sur le respect de la dignité et de la liberté humaines. De plus, l’UDC, et donc les membres de l’UDC du Jura bernois et moi-même, serions des « ploutocrates haineux ». J’ai vraiment de la peine à me reconnaître dans ce qualificatif. Revenons aux orientations politiques de Frédéric Charpié. Aucune personne dotée de bon sens et d’une culture politique minimale ne niera que Monsieur Charpié appartient à l’extrême-gauche. Ce matin encore, en écoutant le bulletin d’information de 11h de la Radio Suisse romande, nous pouvions entendre que « l’extrême-gauche » ne présentera pas de candidat au deuxième tour des élections pour le Conseil d’Etat genevois. Pourrait-on pour autant lui intenter un procès en diffamation ou en calomnie ?

S’agissant maintenant des références idéologiques de l’extrême-gauche, je ne vois pas en quoi il serait pénalement répréhensible de dire qu’elle n’a pas vraiment rompu avec le matérialisme des marxistes. Et si, contrairement à mon attente, c’était le cas, qu’elle le fasse savoir publiquement. Je concède aussi qu’il est possible que Frédéric Charpié ne se reconnaisse pas dans le marxisme-léninisme ou dans le communisme en général et qu’il se réclame au contraire d’une espèce de libertarisme de gauche proche de l’anarchisme de Bakounine. Mais alors qu’il le dise aussi clairement ! De surcroît, je prends la liberté de rappeler que Lénine – l’un des trois plus célèbres marxistes totalitaires – a écrit une théorie du dépérissement de l’Etat que ne renieraient pas certains anarchistes.

L’extrême-gauche ne met-elle pas l’accent principalement sur la lutte contre le capitalisme ? Ne présente-t-elle pas les rapports de domination dans l’économie entre une catégorie qui possède le capital et une autre, opprimée – dont la force de travail est exploitée par la première –, comme la source de la plupart des problèmes ? Au travers de Monsieur Charpié notamment, ne cherche-t-elle pas à disqualifier constamment la gauche sociale-démocrate attachée à l’Etat-providence mais aussi aux fondements de la démocratie classique ? Qu’elle l’admette ou pas, l’extrême-gauche se définit essentiellement comme une idéologie matérialiste anti-capitaliste. Ajoutons aussi que Monsieur Charpié se réclame aussi de l’utopie. C’est son droit le plus strict et cela procède probablement, comme chez beaucoup d’utopistes, d’un refus de l’existant.
Mais il faut bien savoir que les utopies, autrement dit la croyance dans une espèce de monde totalement différent de ce qu’il est ici-bas ou dans une sorte de « paradis sur terre », conduisent très souvent au totalitarisme comme l’histoire l’a abondamment montré.

Quant aux 60 millions de victimes du communisme, je persiste pour dire qu’elles sont imputables à l’idéologie marxiste-léniniste. Mais j’ajoute aussitôt que les 50 millions de morts provoquées par la deuxième guerre mondiale et la Shoah sont aussi imputables à l’idéologie totalitaire et inadmissible qu’est le nazisme.

3. Si la plainte dont me menace Frédéric Charpié devait être considérée comme recevable, cela signifierait la fin des libertés de pensée, d’opinion et d’expression en Suisse. Mais aussi la fin de la liberté académique qui forme la base d’une recherche et d’un enseignement libres et encadrés essentiellement par la conscience professionnelle, la rigueur scientifique et le devoir d’objectivité. En d’autres termes, un professeur d’Université ne pourrait plus écrire que l’extrême-gauche n’a pas rompu avec le matérialisme marxiste.

En conclusion, je voudrais dire ceci à Monsieur Charpié. Vous qui traitez la formation politique à laquelle j’appartiens de « néo-fasciste », vous aurez remarqué que je ne vous ai jamais traité de marxiste ou de communiste ! J’ai uniquement évoqué « vos accointances » avec l’extrême-gauche européenne. J’ai ajouté que cette dernière n’avait « jamais vraiment répudié le matérialisme des marxistes ». Et j’ai ensuite précisé que cette idéologie dans sa version concrète avait fait plus de 60 millions de victimes. Etant profondément attachée aux libertés individuelles classiques qui trouvent leur origine matricielle dans la liberté de conscience et de croyance, j’ai cru bon d’ajouter que je détestais « autant le nazisme que le marxisme-léninisme, ces totalitarismes qui sont la négation même de la dignité et de la liberté humaines. »

Si la suite et l’issue de ces échanges vous intéressent, vous pouvez cliquer sur le lien suivant: 10151653062020009

Démission de Philipp Hildebrand

Lundi, janvier 9th, 2012
La démission de Philipp Hildebrand est particulièrement malencontreuse et dommageable pour la Suisse. Hautement respecté par ses homologues en Europe et dans le monde, il fut un des meilleurs présidents de la BNS. Crédible, hautement compétent, polyglotte et très lucide, il a fait honneur à notre pays. Il est certain que nous allons rapidement le regretter. Pour préserver sa souveraineté politique, notre pays a besoin de personnalités remarquables à la tête de ses principales institutions. Philipp Hildebrand en est une. Par ailleurs, la souveraineté politique implique une souveraineté monétaire garantie par une politique monétaire active et intelligente. Philippe Hildebrand remplissait toutes les conditions pour mener la politique monétaire dont notre pays a besoin.

Autre chose encore. Dans ces temps ou l’on remplace de plus en plus l’éthique fondamentale et classique par une éthique superficielle, matérialiste et parfois excessivement légaliste, certains médias et politiciens semblent prendre plus de plaisir à déstabiliser les personnalités investies de hautes fonctions plutôt que de proposer des solutions réalistes et fortes pour résoudre les grands problèmes de l’heure que sont le vieillissement de la population, les effets de la mondialisation sur les structures de l’économie, le rôle des services publics, les effets secondaires de la libre circulation des personnes, l’accroissement inquiétant du sentiments d’insécurité, l’engorgement inadmissible du trafic routier ou encore l’affaiblissement inquétant de la sphère privée.

Ceux qui focalisent constamment l’attention du grand public sur les fautes vénielles des dirigeants finiront par pousser les masses dans les bras de dictateurs séducteurs, populistes, terriblement simplificateurs, méchants et assoiffés de pouvoir !

Ajoutons que les documents qui ont permis de mettre à jour la spéculation sur devises de Philipp Hildebrand et de stigmatiser son comportement ont été portés à la connaissance de certaines personnalités politiques et des médias en parfaite violation des principes du secret bancaire. Cela est aussi discutable que regrettable !

Je tiens à dire toute ma reconnaissance à Philipp Hildebrand pour l’action remarquable déployée à la tête de la BNS et lui souhaite un très bel avenir !

Anne-Caroline Graber

Pour défendre le Jura bernois et promouvoir les valeurs qui préservent la liberté et la dignité humaine

Samedi, mars 6th, 2010
De la Ferrière à Romont et de Crémines à La Neuveville s’étend un des plus beaux paysages qui soient. Par leur présence, par le déploiement de leurs talents et par leur inlassable activité, les habitants du Jura bernois ont aménagé et enrichi cette terre en réalisant un tissu culturel, social et économique de grande valeur. C’est d’abord ce tissu, c’est notre identité, ce sont nos meilleures spécificités et nos légitimes intérêts que je souhaite défendre et promouvoir.
 
Au sein du canton de Berne, le Jura bernois constitue une minorité linguistique. Il me tient à cœur de préserver la pérennité de la culture francophone et de ses riches particularités au sein de notre canton. Mais si nous nous distinguons des Alémaniques par la langue, nous devons garder à l’esprit les bienfaits inestimables du bilinguisme. La cohésion nationale mais aussi l’ouverture vers d’autres manières d’envisager les choses et le fédéralisme helvétique ne peuvent que sortir renforcés de l’existence de cantons bilingues dans lesquels des personnes de langues différentes vivent ensemble en bonne harmonie et s’enrichissent de leurs diversités.
 
Le Jura bernois est aussi une région partiellement périphérique. Cela implique que nous puissions disposer de voies de communication performantes. L’autoroute A16 doit être achevée sans retard. La population et les entreprises de notre région comptent sur la réalisation rapide de cet axe vital pour l’avenir du Jura bernois. La route ne saurait toutefois s’opposer au rail. Dans cette optique, il est nécessaire que l’offre ferroviaire soit adaptée à nos besoins et non démantelées sur l’autel d’économies discutables.
 
Il est indispensable que notre économie, fortement tournée vers l’exportation, puisse bénéficier de conditions cadres favorables. Outre de bonnes voies de communication, une fiscalité attrayante, une simplification de notre législation, une diminution des contraintes administratives et de fructueuses relations entre le monde du travail, la HES-Arc et les écoles professionnelles contribueront à améliorer ces conditions cadre.
 
Seule une économie florissante assure la prospérité d’une population tout en permettant de financer un système social destiné à venir en aide aux personnes fragilisées par la précarité, l’âge, la maladie ou le chômage.
Si l’aménagement des bases matérielles de la vie revêt une importance capitale dans l’action politique, les politiciennes et les politiciens ne doivent jamais oublier le rôle essentiel que jouent les valeurs dans le devenir d’une société.
 
Personnellement, je m’engage à promouvoir toutes les mesures qui concourront à préserver sinon à renforcer la dignité humaine des habitants de notre région et de notre canton. Tout être humain doit être respecté dans sa dignité. Or, celle-ci n’existe pas sans liberté. Elle seule permet aux personnes d’identifier et d’assumer leur vocation, d’adhérer à une pensée religieuse, philosophique ou politique pour la partager avec d’autres et la diffuser, de déterminer leur vie en fonction de leurs préférences, d’élaborer des projets et de les concrétiser. C’est à ces conditions seulement qu’une personne peut s’épanouir, être véritablement elle-même et mener une vie digne d’être vécue.
 
Par mon action politique, je veux modestement contribuer à la préservation des libertés, à la qualité de vie et à l’accroissement du bien-être de toutes les personnes qui peuplent notre magnifique région. Merci de m’aider dans cette difficile entreprise. 
 

Anne-Caroline Graber
Dr ès sciences politiques