Les rigueurs hivernales et le brasier grec

La météo des dernières semaines a quelque peu refroidi l’alarmisme autour de la problématique du réchauffement climatique. Parallèlement, la situation économique et l’état des finances publiques de plusieurs pays européens tels que la Grèce accroît encore l’importance de la problématique économique dans la hiérarchie des préoccupations majeures de nos contemporains.

 

Il est vrai que l’honnêteté intellectuelle commande de reconnaître que les températures tendent à augmenter. Il est aussi vrai qu’une politique sensée doit intégrer le principe de précaution et promouvoir autant que possible les énergies renouvelables. Toutefois, l’actualité récente montre que la crise économique que nous traversons (la plus grave depuis 1929) menace davantage nos sociétés que le réchauffement climatique. Les graves tensions sociales en Grèce, les incidences des problèmes financiers de la Grèce sur l’euro et la quasi mise sous tutelle de ce pays en matière financière par l’Union européenne en témoignent.

 

Je me souviens d’une discussion avec un collègue économiste sur une terrasse au cours de l’été 2008. Il soutenait que la crise financière ne susciterait pas une grave crise au niveau de l’économie réelle. Je défendais l’hypothèse contraire en fondant mon intuition sur l’effondrement d’institutions financières et bancaires majeures aux USA. L’idée de ces mammouths qui chancelaient et parfois s’effondraient me donnait l’impression d’une situation comparable à celle du Titanic après que l’iceberg fatal eut déchiré sa coque. Le navire pouvait flotter avec quatre compartiments remplis d’eau au maximum. Or, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, l’eau a envahi cinq compartiments, un de trop. Nos économies sont sérieusement touchées et la Grèce nous montre que nous ne sommes pas encore sortis de cette période de basse conjoncture. Après des géants de la finance comme Lehman Brothers aux USA, ce sont maintenant des pays proches qui tremblent sur leurs bases, économiquement et financièrement.

 

En Suisse, plusieurs économistes – notamment à la BNS – avertissaient déjà au début du 2ème semestre de 2009 que les signes de reprise devaient être analysés avec prudence. Ils postulaient que ce que nous pouvions interpréter comme une sortie de crise pourrait n’être qu’un rebond. Selon eux, trois facteurs expliquaient ce léger mieux : des commandes retardées, les effets positifs des plans de relance et des taux d’intérêts bas favorisant l’investissement.

La prise en compte de l’hypothèse que les signes de reprise pourraient ne représenter qu’un rebond doit nous inciter à ne pas relâcher nos efforts pour redresser la conjoncture et pour lutter contre les ravages de la crise. De la Confédération aux régions de notre pays en passant par les cantons nous ne devons pas diminuer notre soutien aux entreprises et au chômeurs. Même si les prestations de l’assurance chômage ont dû être revues pour être soutenables à moyen long terme, nous devons tenir compte de la grande difficulté de retrouver un emploi pour les chômeurs de plus de 50 ans et insister pour un allongement de la durée des prestations là où le taux de chômage dépasse 5%. En outre, la situation économique actuelle interdit d’alourdir les charges administratives ou fiscales pesant sur les entreprises et d’imposer des normes environnementales trop contraignantes à des entreprises se battant pour préserver au mieux leurs places de travail et leur compétitivité.